terre provençale, mémoire vaudoise

Un village baigné de soleil devenu symbole de résistance

Quand on évoque le Luberon, on pense d’abord aux cigales, au soleil généreux et aux villages perchés. Mais Mérindol incarne aussi une page essentielle de la mémoire protestante. Ce petit village de la Durance, avec ses murs de pierre sur un rocher aride, témoigne du martyr des Vaudois du Luberon, victimes d’une violente répression au XVIᵉ siècle.

Gorges du Régalon près de Mérindol, paysage naturel sauvage et aride symbolisant la mémoire historique vaudoise du Luberon
 Escaliers en pierre menant au castrum médiéval de Mérindol, vestige du village fortifié fondé au XIIIe siècle autour de son château

Les origines médiévales de Mérindol

Un castrum féodal entre pouvoir seigneurial et renaissance villageoise

Fondé vers 1225, Mérindol naît d’une réorganisation rurale qui voit émerger de nouveaux seigneurs et de petites forteresses. Le village, ou « castrum », appartient alors à Guy, vicomte de Cavaillon, vassal du comte de Toulouse.
 Organisé autour de son château, protégé par des murailles, Mérindol compte au XIVᵉ siècle une quarantaine de maisons et une chapelle castrale transformée en église paroissiale.

Détail des ruines du castrum féodal de Mérindol, vestiges historiques illustrant l’architecture médiévale et le passé seigneurial du village

« La mémoire ne s’efface pas sous le soleil de Provence, elle y trouve un éclat nouveau. »

L’arrivée des Vaudois et la renaissance de Mérindol

Une communauté alpine bâtisseuse et discrète

À la fin du XVe siècle, le village est ruiné par la guerre et la peste. En 1504, douze familles venues des vallées alpines s’installent sur les décombres, reconstruisent Mérindol et y insufflent une nouvelle vitalité.
 Ces colons appartiennent au mouvement vaudois, une dissidence religieuse prônant une foi épurée et libre. Rapidement, le village prospère, avec un premier hameau en plaine, « les Bastides », où naît la Maison Commune, future mairie.

 Fronton de la mairie de Mérindol, symbole de la renaissance du village au XVe siècle grâce à l’installation des familles vaudoises
Illustration historique des massacres de Mérindol en 1545, symbole tragique de la répression violente contre les Vaudois du Luberon

La tragédie de 1545

Le drame vaudois qui marqua l’Europe

En pleine ascension, le village de Mérindol subit une enquête ordonnée par François 1er. Elle aboutira en 1540 à l' Arrêt de Mérindol contre 19 résidents. L'exécution de Mérindol intervient en 1545.

Tous les villages vaudois abandonnés par leurs habitants sont mis à sac, pillés et détruits. Les vaudois restés sur place sont massacrés ou envoyés aux galères, les femmes violées, les biens confisqués. Seules quelques familles parviennent à s'enfuir et à gagner Genève.

Le sac de Mérindol constitue l'épisode le plus connu de cette violente répression : il eut un retentissement négatif dans toute l'Europe et en particulier auprès des princes protestants.

Un village reconstruit et tourné vers l’avenir

Résilience et renouveau au cœur du Luberon

Malgré la violence, Mérindol renaît. Dès 1563, la tolérance envers le culte protestant permet une reconstruction progressive.
Le village connaît un nouvel essor : en 1573, on compte 90 maisons pour 400 habitants. À la fin du XVIIᵉ siècle, Mérindol est une communauté prospère avec plus de 240 habitations.
 Au XVIIIᵉ siècle, il acquiert sa physionomie actuelle, mêlant histoire, culture et patrimoine rural.

Vue aérienne de Mérindol, village reconstruit après la tragédie vaudoise, illustrant son essor historique et son paysage rural préservé au cœur du Luberon